Le terme [et en partie, la discipline] Interaction Design — traduit indifférement en français par Design de l’interaction ou Design interactif — vient de Bill Moggridge et Bill Verplank.
Bill Moggridge explique :
J’ai senti qu’il y avait l’opportunité de créer une nouvelle discipline de design, dédiée à proposer des solutions imaginatives et attractives dans un monde virtuel, où l’on pouvait concevoir des comportements, des animations, des sons aussi bien que des formes. Ce serait l’équivalent du design industriel mais dans le monde logiciel plutôt que dans celui des objets en trois dimensions. Et comme le design industriel, cette discipline s’occuperait des valeurs subjectives et qualitatives, partirait des besoins et les désirs de usagers de ces produits ou services, s’efforçant de créer des designs qui donnerait aussi bien un plaisir esthétique qu’une satisfaction à longue terme ou joie.[1. I felt that there was an opportunity to create a new design discipline, dedicated to creating imaginative and attractive solutions in a virtual world, where one could design behaviours, animations, and sounds as well as shapes. This would be the equivalent of industrial design but in software rather than three-dimensional objects. Like industrial design, the discipline would be concerned with subjective and qualitative values, would start from the needs and desires of the people who use a product or service, and strive to create designs that would give aesthetic pleasure, as well as lasting satisfaction and enjoyment. — Bill Moggridge, Designing Interactions – p.14, MIT Press, 2007] — Bill Moggridge, Designing Interactions [p.14] MIT Press, 2007
— Bill Moggridge, Designing Interactions [p.14] MIT Press, 2007
Nous voyons ici que, dès le départ, le DI se plaçait clairement dans le monde du numérique, et bien des designers travaillant pour le web se sont dit, du jour au lendemain, qu’ils étaient désormais des Designers interactifs. C’est bien le cas, mais le DI ne se réduit pas à ce qui se passe sur le web, ou de nos jours, sur mobile.
Mais, c’était en 1983–1984. Depuis le DI s’est intéressé non seulement à ce qui se passait sur nos ordinateurs et nos écrans, mais aussi aux interactions qui se passe dans l’espace du monde réel, dans le design de services ou de jeux. Donc, au fur et à mesure que le numérique a envahi nos maisons et nos poches, nos voitures et nos transports, nos entreprises et nos écoles — les rapports humains, même — le DI s’est étendu dans toutes ces zones du monde réel. Et, il ne se contente plus à co-exister avec d’autres disciplines du design comme le design industriel, mais d’inverser le processus ; en amenant l’utilisateur au centre, il fournit des outils pour comprendre les besoins, les usages, et interactions, puis d’imposer les résultats aux autres disciplines du design.
Si Paul Rand disait Design is everything [Tout est design], peut-être pouvons-nous dire que l’Interaction Design is everywhere [le Design interactif est partout]. Du moins, son terrain d’application l’est désormais.
Le schéma ci-dessus, est lui-même basé sur un schéma antérieur que Dan Saffer avait créé pour son livre Designing for Interaction. Le schéma tente donc de représenter les interconnections entre les disciplines et le discipline — voire la trans-discipline — qu’est devenu le Design interactif, et le champ plus large de l’UX.
Le schéma est perfectible. Certains contestent l’absence d’Anthropologie ou le Stratégie de contenu ; d’autres les frontiers et recoupements des disciplines [dont moi : le Son est un élément très spécialisé et très souvent négligé du DI, or ici, il est repoussé hors du champ pour s’accoler au motion design…]. Mais, ce schéma a le mérite de poser des bases et d’ouvrir la discussion.
Ce que je vais faire dans la deuxième partie.
Voir aussi
Designer, teacher, co-fondateur de Disruption[s]