Wearables et santé prédictive

Dans le marché des wearables – la technologie portable à la façon d’un habit –, nombre de montres et bracelets font la une des magazines : Jawbone, Fitbit… Mais laissons de côté ces podomètres de poignet pendant un instant et penchons nous sur un domaine autre que l’auto-défi sportif, où l’électronique embarquée est porteuse d’un grand potentiel : la santé prédictive.

À la base la médecine prédictive est plutôt liée à l’étude des gènes et à la prédiction de l’apparition de certaines maladies liées à la génétique. Mais ce n’est pas de cette approche là que je veux parler. Après tout, l’analyse génétique est toujours un procédé lent et assez couteux, loin des wearables grand public. Et, par ailleurs, les maladies liées aux gènes ne se déclarent pas systématiquement.

Non non, je veux parler de la médecine predictive dans un sens plus terre à terre, c’est à dire dans la captation de variations dans la biologie de patients afin de déceler des problèmes de santé imminents.

En effet, la capacité des wearables à recueillir continuellement des donnés peut s’avérer très utile quand un suivi constant de certains facteurs biologiques est préconisé, par exemple pour le cas de maladies chroniques, progressives ou épisodiques.

Certes, la question de la sécurité des données et de la protection de la vie privée est intimement liée à l’utilisation des wearables dans le domaine de la santé. Je ne voudrais pas voir apparaître -encore- des pratiques peu scrupuleuses chez les assureurs.

Mais revenons aux wearables. Un programme européen, nommé Radar-CNS (Remote assessment of disease and relapse – Central Nervous System), et dirigé par le King’s College de Londres, a été lancé depuis avril 2016 et jusqu’en 2020 avec une initiative de recherche autour des wearables et des smartphones dans le suivi de 3 problèmes neurologiques chroniques plus ou moins connexes: les troubles dépressifs majeurs, l’épilepsie et la sclérose en plaques.

Avec l’électronique embarquée, nombre de paramètres de santé peuvent être monitorés en continu, sur des durées plutôt longues et de façon très détaillée. Ainsi, les épisodes (ou crises) dans le cas de ces maladies chroniques peuvent être détectés bien avant que les patients ne perçoivent eux-mêmes les symptômes. Agir plus vite, avant que les signes de morbidité ne progressent et réduire ainsi l’impact des maladies sur les patients.

Ce n’est pas le premier programme de recherche en neurologie et wearables (voir ici), mais on est bien loin d’avoir autant de produits pour les problèmes neurologiques que pour le traitement de la diabète.

Empatica

Bracelet Embrace par la société Empatica, capable de détecter les crises d’épilepsie et d’envoyer immédiatement un message à une personne de confiance

Biocapteurs ou l’analyse du corps humain

Un des défi des wearables en médecine est justement la création de capteurs capables de reconnaître les changements dans la biologie des patients, que ce soit au niveau physique ou chimique.

On connait déjà assez bien les capteurs d’activité (accéléromètres et gyroscopes principalement), utilisés plus ou moins bien par les bracelets et montres connectées disponibles sur le marché. La température corporelle et le rythme cardiaque (grâce aux LED infrarouges ou encore grâce à des électrodes) sont aussi fréquemment captés.

Mais il existe d’autres capteurs dans des produits de santé moins connus du grand public. Par exemple, on trouve des appareils avec des capteurs de glycémie, utiles pour les personnes souffrant de diabète (voir ici, ici et ici), des capteurs du niveau d’oxygène dans le sang, pour les patients souffrant de problèmes cardiaques ou respiratoires.

Ces produits ne sont peut-être pas aussi attractifs que le Ringly ou que le Charm de Samsung, mais bon.

Pour ce qui est du domaine de la neurologie, il existe des produits captant, entre autres, l’activité électrique de la peau afin de prévenir les crises d’épilepsie (voir le bracelet Empatica Embrace), ainsi que des produits pouvant analyser l’activité nerveuse des muscles grâce à des électrodes apposées sur la peau (voir Biostamp).

Certes, cela ne remplace pas les analyses tels que les radiographies, les IRM ou les prises de sang… Mais cela n’empêche que la qualité de vie, ainsi que la qualité du suivi médical pourrait profiter de la grande vague des wearables, qui restent pour le moment un peu trop axés sur la mode du bien-être et qui ne sont, à mon avis, pas si efficaces que ça.